Lorsque Pascal écrivait dans le Fragment Contrariétés « L’homme passe l’homme », il voulait tout à la fois mettre en avant la condition mortelle de l’homme – sa finitude – et sa vocation à voir cet état transcendé – il est appelé « plus haut ». Selon Pascal, cette modalité de l’existence humaine, hautement paradoxale, exige que l’homme prenne conscience qu’il n’est ni l’alpha ni l’oméga du monde (misère de l’homme) mais qu’il est pourtant appelé à se dépasser lui-même (grandeur de l’homme) : aucun de ces deux pôles de la condition humaine ne saurait être réduit.
Mais Pascal écrit au XVIIe siècle. Il n’a pas connu le geste fondateur de la philosophie moderne : avoir établi l’homme comme le foyer à partir duquel le monde existe et prend
sens. L’homme est devenu l’« épicentre » qui, à sa mesure, construit le monde. Le langage devient alors le lieu qui exprime cette construction. Le colloque entend explorer les pistes qui permettraient de réconcilier ce qui apparaît au premier regard inconciliable : l’intuition de Pascal selon laquelle l’homme n’est pas la mesure de toutes choses sans pour autant dédaigner ou méconnaître l’activité fondatrice du sujet. Le premier objectif est ainsi de mettre à découvert des chemins de pensée qui pourraient tenir ensemble cette double conviction : d’une part, l’homme n’est pas le centre de tout car il y a bien quelque chose – ou quelqu’un – qui le précède et d’autre part, il est toujours possible de reconnaître l’homme comme auteur de son existence.
Le second objectif consiste à chercher quel serait l’impact de cette réconciliation au niveau du langage et de la connaissance. Le langage est-il un réceptacle vide dénué d’activité créatrice ?
N’est-il que le fruit d’un projet qui ne peut véritablement atteindre son objet ? Le double but est ainsi de rassembler divers penseurs, philosophes et théologiens, qui ont
cherché cette réconciliation et de voir comment celle-ci se décline du point de vue de la connaissance, le tout pour les faire dialoguer.
