« La ballade de Hannah et de ses sept fils », supposément écrite en judéo-arabe par Juda Halevi (1075-1141), raconte l’histoire du martyre de 2 M 7 revue à l’aune des nombreuses versions talmudiques (b Gittin 57b), midrashiques (Pesikta Rabbati 43.4, Ekha Rabbati 1.16.50 et Seder Eliyahu Rabbah) ou autres (Sefer Yosippon). Ce poème dudit « Chantre de Sion » lu dans les synagogues le 9 av, à l’instar de maints autres qinot (élégies pour Eretz Israel) et piyyutim (poèmes liturgiques) de son cru, est principalement connu grâce à ses variantes, très populaires en Occident comme en Orient. Celle qui retiendra mon attention est une version imprimée à Tunis en 1910 et son étude servira à interroger les références aux écrits susmentionnés et, par conséquent, la façon dont le récit de ce martyre s’est transmis et transformé au fil des siècles. La présente communication sera également l’occasion de s’arrêter sur des moments clés de l’histoire médiévale ayant soulevé la question de la pérennité des communautés juives et suscité la réécriture et/ou le renvoi à cette famille, laquelle, au travers de cette foisonnante production littéraire, est désormais paradigmatiquement liée aux drames de Jérusalem présentés dans les Psaumes et le Livre des Lamentations.