Alors que les phénomènes de repli identitaire sont partout visibles sur le globe, en Asie comme en Occident, le pape François décrit le dialogue comme un « chemin de sortie de soi » (2019). Ce chemin a été emprunté par de nombreux religieux catholiques depuis les années 1940 et les initiatives des PP. Monchanin, Le Saux et Griffiths – pour ne citer que les figures les plus connues. Depuis 1983, un groupe de Dialogue Inter Monastique (DIM) est venu, en Europe, structurer des rencontres, en premier lieu avec des moines japonais relevant du bouddhisme zen. Le DIM est une structure reconnue par le Vatican. Il favorise un dialogue de vie, où le dialogue peut être compris comme un chemin d’approfondissement de soi. De fait, les initiatives du DIM interrogent la notion même de « dialogue », et sa justification en milieu chrétien.
« Il y a dans les autres religions des expériences religieuses qui n’ont pas été […] thématisées à l’intérieur du christianisme du fait même de sa particularité historique », notait le dominicain Claude Geffré (2006). Or, à l’occasion de rencontres intermonastiques, ce sont ces expériences qui peuvent être tentées. Au-delà des mots, ce sont des vies qui entrent en contact, t pas n’importe quelles vies : des vies engagées sur un chemin de perfectionnement religieux. Qu’en ressort-il ? L’enrichissement culturel et religieux, ordinairement célébré dans les milieux de dialogue, conduit-il à une forme de croissance spirituelle, à une croissance qui ferait grandir Dieu à l’intérieur de soi ? Quels mots poser, alors, pour décrire cette croissance ? Dans uel cadre théologique comprendre cette dernière, et comment la justifier ? Ces questions guideront notre journée d’étude, afin d’exposer le trésor que constitue les rencontres intermonastiques
entre moines catholiques européens et moines asiatiques relevant du bouddhisme ainsi que de l’hindouisme.