Nous traversons indéniablement une époque troublée où apparaît de plus en plus difficile à tout un chacun de distinguer dans le flot des informations quotidiennes, le vrai du faux, la vérité de la contre-vérité, l’information de la désinformation, la stratégie de communication de la communication sincère, la source digne de confiance de celle dont il convient de se méfier. Cette situation de confusion et d’incertitude croissanteest associée à de multiples causes : les stratégies de communication des lobbies industriel, l’essor de la médiasphère et des médias sociaux, la médiatisation des polémiques scientifiques, la contestation de la figure de l’expert, la mise à jour des biais humains et des multiples conditionnements (techniques, sociaux, culturels, économiques, politiques) qui affectent la production du savoir scientifique, etc.
Comment, dans ce contexte où abondent crédulité ou scepticisme systématique, distinguer un discours sensé d’un discours insensé ? Comment différencier science, pseudo-science, science fictive et science-fiction ? Qu’est-ce qu’une connaissance vraie, et à quels critères peut-on se fier pour reconnaître une vraie vérité d’une fausse vérité (fake news) ? Quelles sont les conditions de vérité de formes de rationalités aussi différentes que celles du sens commun, des sciences formelles, des sciences de la nature, des sciences humaines ou encore de la théologie ? Face aux tentations du relativisme, du fondamentalisme ou du scepticisme systématique, comment frayer la voie d’une pratique féconde du doute, de la critique et de la confiance en matière de connaissance ? Le cours de cette année sera consacré à ces questions et aux défis contemporains auxquels s’expose tout quête sincère de connaissance du monde, de ses réalités et des événements – visibles ou invisibles – qui s’y produisent.
A partir de nombreux exemples tirés de l’actualité, de questions de société et de débats scientifiques contemporains, nous interrogerons les causes et conséquences des égarements épistémologiques du temps présent, et dégagerons à la lumière de la philosophie des sciences et de travaux récents en épistémologie, les conditions de possibilité d’un savoir vrai selon la raison. En particulier, le cours de cette année 2021-2022 s’intéressera aux vertus, aux vices intellectuels et aux valeurs épistémiques et morales qui conditionnent nos capacités humaines de juger et de connaître.